dimanche 29 mars 2009

Des gens insensés autant qu'imprévisibles, un recueil de nouvelles de Claude Bourgeyx (2008)

A l'occasion de la venue de Claude Bourgeyx à l'escale du livre 2009, nous vous présentons son dernier recueil de nouvelles : des gens insensés autant qu'imprévisibles.


« Il s'en tient à l'idée que les écrivains sont des gens insensés autant qu'imprévisibles, et qu'avec eux il faut s'attendre à tout ».(p.48)

14 nouvelles par un maître de l'humour noir, voilà qui ne se refuse pas. On y trouve une galerie d'écrivains tous plus loufoques les uns que les autres : que ce soit ce jeune homme poussé au suicide par la perte de son manuscrit, cette ancienne poétesse prodige qui a mal vieilli, ou encore cet homme harcelé par sa femme qui voit en lui un futur grand, tous se retrouvent pris dans des situations étranges, qui les pousseront dans leurs derniers retranchements.


On est dans le genre de la nouvelle à chute, jamais aussi proche de son sens littéral : un grand nombre se termine par une mort violente. Malgré tout, on sourit beaucoup à la lecture de ce recueil : Claude Bourgeyx a une écriture légère qui permet de faire passer les événements les plus sordides comme une lettre à la poste. On aura beau avoir honte d'en rire, on le fera quand même.


On rit donc d'un franc rire jaune : si la nouvelle est un genre moral, ici, elle se teinte largement de cynisme. Tous les coups bas sont permis.


Le décalage se fait d'autant plus facilement que Bourgeyx base souvent sa nouvelle sur une confrontation de points de vue :


« [Premier narrateur] : Après une jeunesse anxieuse passée à fabriquer une écriture narcissique sans relief,et encore des années à aligner au compte-gouttes des mots trop fades, voilà que dans le maëlstrom de cette période noire, je parvenais enfin à forger une oeuvre cohérente et serrée.

Je m'étonnais moi-même

[Narrateur principal] : J'avais senti que ça ne collerait pas » (p.12 - 13)


Parce qu'ils ne se comprennent pas, les personnages se dirigent vers des fins absurdes, et toujours surprenantes : si le lecteur peut émettre des hypothèses, la conclusion les balaie tranquillement d'un petit revers de phrase.


Bourgeyx écrit dans un style clair et léger, qui n'empêche pas l'émotion, et si le recueil se lit vite, il vit longtemps dans le lecteur, touché par l'absurdité et la cruauté d'une vie qui s'acharne sur ses écrivains, certes un peu ridicules, mais si sympathiques.


Benjamin Sausin


Des gens insensés autant qu'imprévisibles, Claude Bourgeyx, Le Castor Astral, collection Escales des lettres, 130 p., 2008.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire